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Mise au point sur les cinétoses

Définition

Ce terme peu répandu désigne les troubles rencontrés par certaines personnes lors de différents déplacements (essentiellement en voiture, mais aussi en avion, en bus, même en train). Dans le cas du mal de mer, la cinétose prend alors le nom de « naupathie ».

Les troubles les plus souvent évoqués sont :

  • Nausées et vomissements
  • Pâleur et sudation froide
  • Maux de tête
  • Fatigue et somnolence
  • Hyperventilation
  • Salivation excessive
  • Sensation de tête qui tourne

De très nombreuses personnes sont sujettes aux cinétoses, en réalité presque tout le monde va ressentir le mal de mer dans des conditions météo défavorables, ce n’est alors pas pathologique en soi. C’est l’intensité des troubles, leur fréquence, et le caractère handicapant qui définir l’aspect « pathologique » et justifier une éventuelle rééducation. Si certaines échelles scientifiques ont pour but d’objectiver l’intensité des troubles, en réalité elles n’ont d’intérêt réel que pour la recherche et mener des études, mais pas vraiment pour leur traitement.

Types spécifiques de cinétoses

Différents types de cinétoses existent, et ne se traitent pas de la même manière. Il s’agit essentiellement du mal des transports type voiture/bus/train, mal de mer (naupathies), mal de débarquement (après un voyage en bateau par exemple), syndrome de l’autoroute (gêne en voiture à partir d’une certaine vitesse). Des situations professionnelles exposent également à des cinétoses inhabituelles, on peut penser par exemple aux aviateurs (dont le « mal de l’air » est très fréquent et assez tabou), ou encore à des danseurs dont les mouvements  de rotations et translations à haute vitesse peuvent générer des mal être violents et handicapants.

Quelle est la cause et le mécanisme de ces cinétoses ?

La théorie du conflit sensoriel basique est la plus connue, la plus ancienne, et reste la plus intuitive : l’incohérence entre l’information vestibulaire et l’information visuelle (par exemple dans la cale d’un bateau les mouvements perçus par les oreilles internes vs la stabilité de la scène visuelle) va être mal tolérée par le système nerveux qui va déclencher des réactions plus ou moins fortes. On comprend bien cette incohérence perçue par exemple à l’arrière d’une voiture en lisant un livre : le champs visuel ne transmet pas les nombreux mouvements, accélérations et décélérations de la voiture, que les capteurs vestibulaires perçoivent bien ! Aussi les personnes sujettes au mal des transports préfèrent toujours être devant, et si possible conduire afin d’anticiper au mieux les mouvements qui seront perçus par l’oreille interne.

Cette explication, si elle est sans doute valable, n’est pas suffisante pour expliquer toutes les situations : en effet on peut ressentir des cinétoses sans information visuelle comme c’est le cas pour les non-voyants. Une explication à ce cas de figure serait des conflits internes entre les différents capteurs au sein de l’oreille interne (à savoir entre les canaux semi circulaires et les macules otolithiques).

Des gravicepteurs thoracoabdominaux pourraient également être impliqués dans ces mécanismes.

Mais les capteurs sensoriels n’expliquent pas à eux seuls les cinétoses :  ces dernières sont très vraisemblablement modulés par l’état psycho émotionnel du sujet à l’instant t : sa fatigue, son anxiété, la crainte de ressentir ces symptômes etc vont paradoxalement favoriser leur apparition.

Des phénomènes de « sensibilisation du système nerveux » se rajoutent parfois vraisemblablement dans l’équation, avec une forme d’intolérance croissante à certaines situations, parfois même sans conflit sensoriel.

Enfin, la recherche fait de plus en plus de lien entre les phénomènes migraineux (migraines vestibulaires) et les cinétoses…

Traitements médicamenteux

Le site Ameli.fr de l’assurance maladie liste différents médicaments qu’il est possible de prendre, il est consultable ici : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/mal-transports/traitement

Facteurs aggravants

Certains éléments peuvent accentuer les cinétoses :

  • La lecture ou l’utilisation d’écrans pendant le déplacement
  • Les odeurs fortes (parfum, nourriture, carburant)
  • La chaleur et le manque d’air frais
  • Le stress et l’anxiété liés au voyage
  • La déshydratation
  • La faim, ou au contraire sortir d’un gros repas

Conseils pratiques

Eviter de majorer les conflits sensoriels :

  • Essayer de stabiliser la vue au loin
  • Eviter de lire si vous êtes dans un transport
  • Eviter de trop se déplacer

Trouver des techniques apaisantes (méditation, respiration etc)

Eviter au maximum les odeurs (parfums), l’alcool, les aliments gras, l’estomac trop vide ou trop plein

A noter enfin que l’on ressentira moins de troubles en mer en étant en position allongée sur le côté ; probablement est-ce du à la position des canaux : les horizontaux sont ainsi plus solicités que les verticaux (contrairement à la position tête droite debout ou assis), ce qui correspond plus aux stimulations de la vie courante, et donc à ce qu’attend notre système nerveux.

Rééducation

On peut commencer par citer les dernières recommandations de la Société Française d’ORL (SFORL 2023) : « Il est recommandé de prescrire la rééducation vestibulaire chez des patients présentant un mal des transports invalidant. (Grade B) »

En étudiant de manière systématique la littérature scientifique sur le sujet, elle ajoute notamment à la fin qu’ « Aucune étude ne signale une aggravation des symptômes suite au protocole. »

En effet des études prospectives ont montré une efficacité des traitements des cinétoses, essentiellement par habituation. Il s’agit d’exposer le sujet de manière graduelle et progressive aux stimulations qui le gênent, en contrôlant au plus près l’intensité et la durée des conflits sensoriels générés afin de ne jamais dépasser la tolérance du système nerveux, et progressivement le désensibiliser et l’habituer à ces conflits sensoriels.

Certains auteurs suggèrent que le système nerveux s’habitue alors à ces types de conflits sensoriels là mais pas forcément à tous les autres conflits sensoriels ; il convient donc de reproduire au plus proche les conditions de gêne initiale du patient avec si possible l’aspect psycho émotionnel (par exemple avec une expérience immersive en réalité virtuelle en mer ou en voiture, ou avec des foules…).

Enfin à titre d’exemple, le protocole de l’armée de l’air italienne est un des plus connus, (surnommé protocole coriolis, du nom de l’effet physique qu’il vise à reproduire). Il date des années 2000 et présente un taux de succès légèrement supérieur à 80%, avec du matériel assez basique – un simple fauteuil rotatoire et sur une durée de 10 séances à raison de 5 séances par semaine. Le patient doit effectuer certains mouvements de tête en étant su un fauteuil rotatoire qui tourne dans le sens horaire puis anti horaire, le tout suivant une progression de durée et de vitesse, sans jamais dépasser le seuil de tolérance du moment.


Il est également possible de combiner – en à la suite ou en même temps ! – ces différents types d’exercices. Dans tous les cas, le plan de traitement est établi « sur-mesure » en s’adaptant en permanence à la situation du patient, ses objectifs, ses contraintes, sa sensibilité sensorielle, etc.

Voir aussi

Mise au point sur le schwannome vestibulaire

"[...] La rééducation vestibulaire aura une place variable dans ce contexte : l’intervention chirurgicale ou par irradiation peut affecter une fonction vestibulaire résiduelle, auquel cas une asymétrie brutale entre les 2 vestibules apparaîtra. Il faudra donc rééduquer cette dernière pour stimuler au plus vite la compensation [...]"

Mise au point sur les VPPB

"[...] le caractère paroxystique est quasiment pathognomonique : lors du changement de position, les vertiges se lancent – parfois après quelques secondes de latence, puis s’accélèrent, atteignent un paroxysme, puis ralentissent et s’arrête. Le tout dure en général 15-20 secondes qui paraissent souvent des minutes pour celui qui le vit [...]"

Mise au point sur la névrite vestibulaire

"[...] dès que le patient peut marcher il doit débuter sa rééducation vestibulaire, toutes les études s’accordent sur ce point ! Il a même été démontré récemment que la rééducation vestibulaire maximisait les chances de récupération (et non uniquement de mettre en place une bonne compensation)[...]"